Le financement participatif ne fait pas l’unanimité chez les agriculteurs
Le « crowdfunding », ou financement participatif, via un appel aux dons pour financer une activité agricole, ne convainc pas l’ensemble de la profession agricole.
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Une étude nommée « Faire campagne pour sa ferme », parue en mai 2024 dans la Revue française de socioéconomie, établit une comparaison entre les points de vue et représentations des adoptants et des non-adoptants du « crowdfunding » ou financement participatif. Sur les 63 personnes interrogées, dont 24 sont « non-adoptants », les auteurs mettent en avant quatre arguments majeurs en défaveur de l’adoption d’une telle démarche de financement de la part des agriculteurs.
Quatre fois non
Le crowdfunding serait « un dispositif de financement léger, réversible et adaptable ». Ce type de financement participatif se multiplie en France depuis 2010. Si de nombreux agriculteurs sont convaincus par ce type de démarches, d’autres restent sceptiques pour quatre raisons principales.
- Recourir au financement participatif reviendrait à se priver des institutions bancaires ainsi que de leurs expertises.
Ces institutions seraient des oracles de la bonne santé financière des projets à venir. En opposition, « les projets agricoles financés de manière participative feraient suite à un refus des banques, ce qui serait le signe d’un dimensionnement inadéquat », décrivent les auteurs.
- L’illégitimité.
Certains agriculteurs, notamment en conventionnel ou souvent grands céréaliers, se sentent illégitimes et « anticipent un mauvais accueil » de la part du public. Cette « autocensure » résulte des images véhiculées par les sites d’appel aux dons. « Le crowdfunding accompagne préférentiellement le déploiement et la multiplication récente des petites structures. […] Il favorisel’installation d’exploitants atypiques (en raison de par leur parcours professionnel) et de projets alternatifs », soulignent les chercheurs.
- Recourir aux dons de particuliers se rapprocherait de l’assistanat pour les non-usagers.
« Le financement participatif est alors associé à une symbolique négative qui disqualifie tant la robustesse et la viabilité du projet que l’entrepreneur lui-même, supposément incapable de se confronter aux risques ou au jugement économique des institutions les plus légitimes », développe l’étude.
- Un sentiment de « justice ».
Ces derniers considèrent en avoir moins besoin que leurs collègues et leur laissent la priorité.
Financer la légitimité
Pour autant, d’autres y trouvent leur compte. Cette méthode permettrait de « recueillir un fond d’amorçage utile » et « à légitimer leur désir d’entreprendre et leur démarche productive ». Les producteurs en devenir estiment obtenir « un gain de légitimité » grâce à un public se tenant prêt à accueillir l’offre.
Le crowdfunding « vient d’une part valider l’initiative et le plan d’action promu, mais il donne à l’exploitant agricole soutenu de meilleures chances d’être entendu par les acteurs de la finance traditionnelle », ajoute les auteurs.
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